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Le Forum de Recherche sur les Médias en Méditerranée a organisé une journée d’études à l’Assemblée nationale, sur le thème : « Regards croisés sur la migration en Méditerranée », sous le patronage de Monsieur Hugues RENSON, Vice-président de l'Assemblée nationale et Député de Paris, avec la participation d'universitaires et d’éminents spécialistes de la question migratoire des deux rives. Parmi les intervenants étaient le représentant du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en France (UNHCR) Ralf GRUENERT, et le Président du Comité exécutif du Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe (2013à 2018), Jean-Marie HEYDT.
Le but à travers cette rencontre scientifique était de réfléchir de manière collective, dans le cadre d'une approche pluridisciplinaire, au phénomène migratoire moderne ; de permettre à des chercheurs, et des experts des deux rives de s'intéresser à ses diverses facettes et d'exposer leurs différents points de vue sur cette question.
La séance plénière a été consacré à deux remarquables interventions : celle de Anne-Marie Laulan, philosophe et membre de la Commission française pour l’UNESCO, présidente du Comité des sciences sociales pendant deux mandats ; responsable (France) du programme international de l’UNESCO MOST sur les transformations des sociétés face à la mondialisation. Anne-Marie Laulan a dressé un éloge à la migration qui fait partie de la vie même et auquel « aucune espèce n’y échappe ». La deuxième intervention fut celle d’Elke Winter Professeure à l’Université d’Ottawa et directrice de recherche de la division thématique de la Migration, du pluralisme ethnique et de la citoyenneté du CIRCEM, qui a abordé le thème de l’immigration et l’accueil des personnes jugées ethniquement et culturellement « différentes » à travers une étude comparative entre l’Allemagne et le Canada.
La première table ronde a dressé le bilan de la « crise migratoire » en commençant par la gestion de cette crise et notamment les défis structurels et les enjeux géopolitiques au Liban et au Moyen-Orient abordés par Ziad El Sayegh, expert en politiques publiques et la question des réfugiés. Tandis que Hela Sahili, journaliste auprès des institutions de l’Union européenne à Bruxelles a disséqué longuement la situation des migrants au sein de l’Europe. Citer la Hongrie était une chose évidente et nécessaire pour Cécile Vrain, directrice des programmes internationaux à l’ESJ Paris et docteur en Relations internationales. Dans son intervention, elle a expliqué comment les réfugiés en Hongrie furent une chance pour le premier ministre Victor Orban. Reste bien sûr l’image du petit Aylan vue depuis la Turquie par Sirin Dilli et Adam Gûrler, tous les deux Maître de conférences à l’Université de Giresun en Turquie. Saada El Sabri, journaliste à Monte Carlo Doualiya, a abordé comment ce drame migratoire devient un outil de pression politique et diplomatique dans un pays comme la Libye.
La deuxième table ronde était consacrée au traitement médiatique de la crise migratoire notamment au Portugal avec Manuel Auntes Da Cunha, Maître de conférences à l’Université catholique Portugaise et au Liban avec Roy Jreijiry, professeur à la faculté de l’information à l’Université libanaise. Tandis qu’Aurora Ndiro Karameti, professeure associée à l’Université d’Etat de Tetovo au Kosovo s’est attardée sur le traitement socio-politico-médiatique de la migration transitoire en Macédoine. Comme la presse écrite continue à jouer un rôle primordial dans l’influence de l’opinion publique, Maria del Socorro Ruelas a choisi de traiter l’immigration clandestine entre l’Espagne et le Maghreb à travers les sources d’El Pais.
Le Liban était largement représenté dans cette conférence internationale pour la troisième table ronde grâce à la participation et trois historiens professeurs à l’Université libanaise, Liliane Zeidan Khoury, Pierre Moukarzel et Marwan Abi Fadel.
Liliane Zeidan Khoury a abordé le sujet des Arméniens au Liban (1924-1943), le volet de l’adaptabilité complète et efficace. Tandis que Marwan Abi Fadel a parlé de la liberté de religion d’après le Coran et l’établissement des musulmans en Europe. Et afin de mieux comprendre le flux migratoire au présent, il était nécessaire que Pierre Moukarzel revienne sur les Etats européens et les marchands musulmans au 14 te 15ème siècles.
Enfin la dernière table ronde était consacrée aux témoignages de personnes qui ont vécu cette expérience ou qui la connaissent de près comme Samir Leslous, journaliste au quotidien algérien francophone Liberté. Samir Leslous a exposé la vie en suspens des migrants subsahariens en Algérie. D’un autre côté El Houssine Ismail, responsable des dossiers nord-africains à l’alliance internationale(AIDL) a dressé le bilan des braques de la mort. Cette table a été marquée par le témoignage poignant, émouvant de Moayed Assaf, photographe irakien et animateur d’ateliers auprès du Samu social. Il a témoigné de son expérience via le regard des enfants au Kurdistan d’Irak. Des conseils professionnels ont été livrés par Aude Metton coach certifiée pour une meilleure intégration dans le pays d’accueil.
Cette journée a voulu évoqué le phénomène migratoire de façon à mieux le comprendre, et ensuite essayer de dépasser les préjugés et les stéréotypes afin de vaincre cette crainte de l'autre et réfléchir sur des pistes pour préparer un avenir meilleur.
Parmi les principales recommandations tirées à la fin de cette journée :
L’importance de se concerter entre les pays et les différentes parties ;Répartir équitablement le flux des migrants entre les pays européens ; Aider les pays d’Afrique et les pays Arabes pour sauver ces migrants avant même qu’ils prennent la mer ;Mettre de l’éthique dans les lois afin de les améliorer ; Améliorer les systèmes de sauvetage en mer ;Offrir des canaux légaux pour l'immigration afin d’éviter la clandestinité ;Travailler sur la peur mutuelle, s’intégrer et apprendre la langue pour se lancer dans le marché du travail. Se méfier du populisme qui profite de ce fonds de commerce pour monter en puissance.
En guise de conclusion, la présidente de For2med, Amal Nader a rappelé que ses migrants – réfugiés lancent un appel, une quête d’hospitalité qui relève plus encore du domaine du droit et non de celui de la charité. Sans pour autant nier l’importance des frontières, des règlementations ou l’autonomie des Etats que personne ne remet en cause.